Je possède (ou j'utilise régulièrement sans les posséder) une grande variété d'Epiphones, acoustiques et électriques, dont les premières datent des années 90. J'aime beaucoup la marque, super rapport-qualité prix, et comme je fais toujours des upgrades, ça fait des guitares au top pour pas si cher. Je n'ai jamais été déçu.
J'ai craqué pour cette Riviera Noël Gallagher pas parce-que je suis un fan (même si j'aime beaucoup), mais plus pour ses qualités intrinsèques. Elle est un intermédiaire intéressant entre la ES-335 "inspired by Gibson" et la Shératon II. Comme la 335, elle a les micros "Alnico classic" sans coil-splitting (des "modern vintage" qui sonnent très bien), et comme la Sheraton, elle a le manche "slim taper", que je trouve plus confortable que "rounded C" traditionnel. Et la finition "dark wine red" est absolument splendide, beaucoup plus jolie en vrai que sur les photos car elle laisse bien voir les veines du bois.
Côté "hardware", c'est cohérent avec les réalisations Epiphone récentes : L'électronique et les micros sont enfin de bonne qualité (pas comme dans les 90s). Les potars sont bien des CTS, ce qui se confirme à la manipulation, le switch et le jack se comportent comme des Switchcraft. Excellent ! Le vernis est correct (des petites imperfections par-ci par-là), en tout cas ça me va très bien. Côté manche, les inserts en acrylique sont posés très proprement et la planéité des frettes est excellente. La guitare est arrivée avec une action un peu haute à mon gout, mais on a une bonne marge pour baisser le chevalet avant qu'apparaissent des "frisettes". En revanche, la finition des frettes laisse à désirer : ça accroche sur les arrêtes des bords et les premiers bends se font comme sur du papier de verre (heureusement, ce dernier point disparait en jouant). Mais c'est normal pour une Epiphone. Par rapport à une Gibson, on voit la différence. Soit, comme moi, vous reprenez çà vous-même (attention, il faut avoir les outils qui vont bien et savoir le faire), soit vous la portez chez votre luthier préféré et vous aurez des frettes impeccables. Le sillet est du GraphTech taillé à la main, mais pas bien: Le fond des encoches n'est pas toujours lisse. Idem, soit vous savez faire et ça se rattrape facilement, soit vous passez chez le luthier. Les mécaniques m'ont déçu. Epiphone avait pris l'habitude de monter du Grover (excellent), mais ici ce sont des mécaniques maison : dures, avec du jeu entre le bouton et les axes et une sensation d'a-coups lors de l'accordage (mais c'était peut-être lié au sillet mal taillé). Je les ai remplacés par des Gotoh, ça change tout. Enfin, la guitare est livrée dans un étui rigide signé Epiphone d'une qualité remarquable. Magnifique peluche grise et vinyle noir très qualitatif. Superbe !!
Côté micros : Mes références chez Epiphone dans même genre sont une Les Paul (90s coréenne) upgradée en Seymour Duncan 59 et une Sheraton (90s Samick) upgradée en Seymour Duncan Jazz/JB. En général, je préfère les Seymour Duncan aux micros Gibson car je trouve qu'ils ont une tonalité plus claire et qu'ils sont mieux articulés. Mais c'est une pure question de goût, on reste dans du haut de gamme. Sur cette Riviera, ce sont des "Alnico classic" chinois qui m'ont vraiment surpris : On est plus proche des Seymour Duncan 59 que des Gibson 57 classic. C'est forcément un peu moins bon (attaques moins dynamiques et richesse harmonique moins profonde), mais on s'en rapproche bigrement. Bravo!! Je ne pense pas les changer pour l'instant. Par rapport aux micros splittables des Sheraton II modernes, je les préfère. Ils sonnent plus vintage, et en outre le son "coil split" des Sheraton ne me convainc pas. Imho ça fonctionne mieux avec des micros sans capots.
Question qualité/prix, si on ajoute l'étui Epiphone identique, la 335 est à 725€, la Sheraton à 792€ et la Riviera Noel Gallager à 888€. Objectivement, ça ne vaut pas la différence de prix. Mais comme elle est produite en petites quantités (le délai pour l'avoir est long), elle aura probablement une cote plus élevée en occasion. Personnellement, je m'en fiche, je ne revends presque jamais mes guitares, mais pour certains, ça peut compter.
Conclusion : Si on cherche une hollowbody Epiphone avec des micros "modern vintage", un manche "slim taper" et une splendide finition, il n'y a pas à hésiter. Après un petit passage chez le luthier et des mécaniques de meilleure qualité, elle devient carrément excellente.